Il y a deux manières fondamentales d’envisager le concept de Dieu (et nous allons l’utiliser ici comme un nom, donc avec un «D» majuscule):
Soit :
Dieu est si omnipotent dans le sens de ne manquer d’aucune qualité, que les conceptions de Dieu peuvent être innombrables.
Ou bien :
Dieu est un concept tellement incompréhensible que rien ne peut être dit de lui.
Le premier point de vue nécessite l’acceptation du fait que toutes les conceptions de Dieu ont une certaine validité, mais qu’aucune ne peut être tout à fait exacte. Le second énoncé exclut toute réalité ordinaire ou définition (y compris la troisième personne du masculin singulier « il » et même le terme « Dieu »). Dans ce cas, rien de ce qui peut être dit de Dieu ne peut être absolument vrai non plus.
Les conceptions les plus populaires de Dieu sont multiples: peu de chrétiens ont des perceptions identiques de Dieu, même s’ils (elles) appartiennent à la même confession ou secte. Les variations dans la psyché humaine ne permettent que rarement des perceptions identiques du quotidien et encore moins pour ce qui est de la métaphysique ( ce qui est au-delà du physique et de l’empirique ). Si tous croyaient en un « il » dont rien ne pouvait être dit, l’histoire aurait été tout autre.
Mais le fait que ce soit une perception théiste du divin qui a influencé la religion occidentale en particulier, a eu un impact massif sur le développement des êtres humains en tant qu’individus et sociétés. Le théisme a beaucoup inspiré l’art, la musique et la poésie, a été la source majeure de la réflexion philosophique, et il a changé l’histoire, mais il a aussi été source de terribles oppressions, de cruauté sauvage et d’illusions grossières.
Tout ce que Dieu est, ou n’est pas, s’il existe, est forcément radicalement différent pour différentes personnes. Qu’il s’agisse d’une ou de plusieurs divinités , le divin est posé en principe pour donner aux choses de la vie un sens qui échappe à l’humain. C’est ainsi qu’il y a eu une grande variété d’êtres divins et autres intervenants, et de forces surnaturelles pendant le long parcours de l’humanité sur cette planète. Les forces surnaturelles ont été adorées et courtisées pour tout, de la création du cosmos au contrôle de la météo, le divin acquérant une plus grande sophistication avec l’expansion du progrès humain et de la connaissance.
La version de Dieu de l’Ancien Testament pourrait être qualifiée par certains comme un dieu « sadique despotique et capricieux », un être « brutal, partial et assassin » qui est « passionnément partisan » et « éprouve peu de compassion pour quiconque à l’exception de ses favoris », affirme l’écrivain humaniste Karen Armstrong dans « Histoire de Dieu ». Cependant, il ne s’agit pas vraiment d’un Dieu qui change son peuple mais plutôt de gens qui changent leur concept de Dieu, à mesure qu’ils commencent à développer et élargir leurs propres consciences individuelles et sociales.
Les croyances théistes sont flottantes et variés. Elles présupposent quelque chose de surnaturel qui est au-delà du monde matériel et en dehors des lois naturelles, capable de pouvoirs qui sont en dehors des causes et effets des processus normaux de notre monde physique et quelque chose d’accessible par des êtres humains afin d’exercer ces pouvoirs surnaturels en faveur du monde humain. C’est un concept très naïf et contradictoire, car il accepte l’existence d’une divinité surnaturelle non soumise aux lois naturelles d’une part, mais individuellement accessible selon ces mêmes lois afin de l’approcher pour lui faire savoir ce qu’on attend d’elle.
L’interaction de Dieu avec l’humanité est au centre des récits de la Bible chrétienne et toute personne qui la lit du début à la fin, comme n’importe quel autre livre, ne peut s’empêcher d’avoir l’impression que ce Dieu, représenté en termes très transcendants dans beaucoup de passages est, néanmoins, un Dieu censé intervenir dans le monde naturel. Le tableau d’ensemble n’est pas celui d’un Dieu lointain, mais d’un Dieu théiste , la divinité personnelle d’un peuple.
Il faut chercher en dehors du christianisme pour trouver des concepts vraiment indescriptibles de la divinité (dans la mesure où le terme divinité puisse être utilisé dans ces cas), le brahmane de l’hindouisme, le Dharmakâya du bouddhisme, ou le Tao du taoïsme, par exemple. En fait, les concepts du divin vont du totalement indescriptible – des non-concepts – aux théismes les plus anthropomorphiques. Les conceptions judéo-chrétiennes de l’être divin se situent quelque part entre ces deux extrêmes, avec la très anthropomorphe croyance chrétienne de l’incarnation de Dieu.
Laisser entendre que la divinité est inaccessible, par-delà la conception de l’esprit humain, c’est dire que Dieu est au-delà de tous les phénomènes, idées, désignations, différenciations et dualités, par lesquels nous donnons un sens au monde qui nous entoure. Les Hindous ont un terme pour cela, neti neti, c’est-à-dire : pas cela, pas cela, et le Tao Te Ching chinois dit : « Le Tao qui peut être exprimé n’est pas le Tao éternel. »
En d’autres termes, à la seconde où vous attribuez quoi que ce soit à une divinité , vous l’avez limitée. Tout ce qu’on peut dire d’elle, dans ces religions qui acceptent un tel absolu totalement transcendant, c’est qu’elle est d’une certaine façon évidente en tant qu’essence subtile de toute chose. Elle peut même être l’absence d’essence en toute chose, le Sunyata ou le « vide » du bouddhisme.
La seule façon pour quelqu’un de « connaître » l’expérience de « similitude » avec lui, serait quand il y a perte de la phénoménalité du monde pendant quelques instants, dans le plus profond sommeil ou dans l’expérience de la vacuité (vide) de toutes choses. Beaucoup de gens « ressentent » que s’il y a un Dieu, il faut qu’il soit une sorte de non-être, quelque chose à la limite des idées déistes, qui a créé l’univers d’une certaine façon, mais ne s’immisce pas dans ses processus. Cela ne peut pas être vérifiée, mais ne serait pas impossible, ce qui laisse la question ouverte aux agnostiques. Bien sûr, une critique souvent faite au sujet de cette théologie négative, c’est qu’il n’y a vraiment pas de différence entre un être sans substance et rien du tout.
La religion Occidentale s’est rarement aventurée à cette non-définition de la divinité , car fondamentalement ses motifs bibliques résident dans le théisme. Pour elle Dieu est prévisible (c’est-à-dire, des choses sont dites sur lui) et reconnaissable, selon le théiste chrétien. Parfois, le théiste veut jouer sur les deux facettes, prétendant qu’on ne peut connaitre Dieu et malgré tout faisant une multitude de déclarations à son sujet, supposant toujours qu’il existe, qu’il est omniscient, tout-puissant, infiniment bon et ainsi de suite. Et même en utilisant le terme « Dieu », il y a la limitation de la masculinité
La méconnaissance théiste est une contradiction, le théiste ne peut pas avoir un Dieu qui est à la fois personnel et méconnaissable. Et même si on donne à Dieu des attributs non anthropomorphiques, comme l’omniscience, il y a toujours une définition de la divinité , une pensée de Dieu en termes concrets et un passage à l’acte dans sa vie selon cette conviction. Toute définition de la divinité est restreinte et les conceptions théistes de la volonté divine, par conséquent, invalident la divinité . Les chrétiens pourraient répondre en disant qu’ils savent quelque chose sur Dieu, mais qu’il est finalement méconnaissable, encore une fois, on prête tous les pouvoirs à Dieu, mais en essayant de maintenir son incompréhensibilité – On dit une chose et son contraire.
À l’autre extrémité de l’échelle de l’absolu complètement transcendant, qui ne peut en aucune façon être décrit, est l’anthropomorphisme , si caractéristique de la plupart des religions. Et tandis que les philosophes débattent sur la nature ou l’existence du divin, la conception de Dieu est en général théistiquement anthropomorphique. Même le terme « Dieu », avec sa masculinité inhérente, est un terme anthropomorphique. Le théisme chrétien doit être hautement anthropomorphique, car il entretient une croyance en une divinité incarnée. Cela rend le Dieu chrétien reconnaissable, de sorte que le théiste croit d’une façon radicalement anthropomorphe et personnelle.
En effet, le théisme dans sa forme la plus expressive se révèle dans la croyance que le divin est venu sur terre, comme dans la christologie de la croyance chrétienne en Jésus ou dans la tradition hindoue avec l’incarnation de Krishna. Mais l’anthropomorphisme représente le théisme à son degré le plus faible, raison pour laquelle le théisme philosophique occidental a tendance à l’éviter. Considérons la déclaration suivante faite par le théiste et philosophe JP Moreland dans un débat sur l’athéisme avec Kai Nielsen:
Quels que soient les arguments pour ou contre l’existence de Dieu, ces paroles de Moreland démontrent clairement comment le théiste chrétien traduit toute notion du divin par l’anthropomorphique. Moreland bien sûr parle métaphoriquement, mais tout de même, le langage du théiste est la langue de l’anthropomorphisme . Elle est aussi une langue que beaucoup trouvent de mauvais goût et sans doute beaucoup seraient d’accord avec le fait de trouver de tels propos absolument grotesques.
L’argument proposé est que, bien que les théistes puissent vouloir considérer Dieu comme étant insondable et incompréhensible, ils limitent volontiers le concept de la divinité par l’anthropomorphisme pur et simple qui défie toute logique. Les prédicats de l’amour, de la miséricorde, de la bonté, de la grâce, de la justice et ainsi de suite sont des attributs anthropomorphiques de la divinité , même s’ils sont précédés par les mots « infini » ou « divin » pour les rendre plus extraordinaires. Ce sont des expressions d’origines humaines utilisées dans un contexte surnaturel et anthropomorphique.
En fait, il y a une nette tendance à cataloguer Dieu parfaitement dans l’impénétrable et le Christ dans l’anthropomorphe, pour améliorer la fracture théocentrique et christocentrique, en mettant l’accent distinctement sur cette dernière. Peut-être que c’est ce qui s’est produit dans la défense que Moreland a faite du théisme chrétien quand il a permis à une discussion sur l’existence de Dieu de dégénérer sur le plan personnel, anthropomorphe et nettement christologique.
De ce qui a été dit jusqu’à présent dans ce module, il devrait être clair que le terme « Dieu », soit n’a pas de sens du tout ou alors a une multiplicité de significations. Dans les deux cas, il s’agit d’un concept nébuleux. C’est un concept plein d’anomalies, en particulier lorsque défini dans le théisme . Prétendre une croyance rationnelle en Dieu à la lumière de ces anomalies est impossible et on pourrait dire en fait qu’il est carrément irrationnel d’accepter, basée sur la foi, une chose pour laquelle il n’existe aucune preuve démontrable.
Dieu est à l’image de l’homme (pas de la femme!) et il est physiquement lié à la culture. Il est surprenant de constater combien d’adultes occidentaux sont choqués de constater que Jésus était Juif. Il avait aussi la peau foncée et n’était probablement pas très grand. Pourtant, les conceptions occidentales de lui sont graphiquement et psychologiquement d’un bel aryen, grand, blond aux yeux bleus, au nez aquilin. Il n’avait sans doute aucune de ces caractéristiques, mais telle est la puissance de l’anthropomorphisme : les gens donnent aux divinités les formes qui conviennent à leur psyché.
La notion de divinité n’est façonnée que par les connaissances actuelles; Dieu ne peut jamais vraiment dépasser les conceptions que ses adorateurs ont de lui. À mesure que l’humanité se développe, ses conceptions métaphysique s du divin se développent également, reflétant les progrès accomplis dans la pensée conceptuelle. Mais Dieu n’est jamais trop loin de ce que le théisme peut faire de lui.
Certaines religions comme l’hindouisme ont toujours eu une vue plus cosmique de la réalité. De nombreux Hindous postulent un brahmane non-conceptualisé et moniste en accord avec la totalité de l’existence ou qui s’identifie avec elle de manière panthéiste en la transcendant d’une certaine façon. Le monisme est la réduction de toutes choses en un principe de sorte qu’en termes religieux, toutes choses et le divin ne sont qu’un et identique. Le panthéisme est la croyance que le divin est en toutes choses et toutes choses dans le divin, mais que le divin est supérieur à toutes choses.
Les conceptions religieuses occidentales sont beaucoup moins orientées vers le cosmique et le résultat en est un Dieu théiste qui est vaguement lié à un petit nombre exclusif de personnes sur une petite planète, dans un univers contenant des milliards de galaxies. À quoi peut bien servir un si vaste cosmos s’il n’y a qu’un seul vrai Dieu, pour une fraction de l’humanité sur cette petite poussière de planète ? Cela serait assurément un concept remarquablement limité de l’idée de Dieu – si limité que le mot « Dieu » serait conceptuellement diminué au même niveau que le PDG d’un quelconque groupe humain.
Même si certains scientifiques suggèrent que l’émergence de la vie partout dans le cosmos demande nécessairement une « exceptionnelle mise au point » – une « mise au point » si incroyablement précise au point d’être quasiment impossible – on se demande pourquoi des milliards de galaxies sont nécessaires si une seule petite planète dans une galaxie mineure a de la vie sur elle. Quel était le but de Dieu, dans l’immensité de la création, quand il n’a créé la vie que sur une planète minuscule alors qu’il avait de brillantes possibilités pour des myriades d’autres formes de vie ailleurs ? Et si la probabilité de la vie apparaissant ailleurs dans l’univers est pratiquement nulle, pourquoi Dieu a-t-il fait un tel gâchis de la seule création en existence dans le cosmos ? Il aurait pu faire mieux !
On se réfère parfois à Dieu comme le Dieu des vides. C’est-à-dire qu’à mesure que la connaissance de l’homme progresse et que des explications naturelles deviennent possibles pour des aspects de l’existence qui étaient autrefois inexplicables ou expliqués par le surnaturel , le rôle de Dieu diminue ou change radicalement. Les théistes ont toujours pris de grands risques en attribuant à Dieu certains aspects inexplicables par la science moderne : à mesure que la connaissance augmente, les vides rétrécissent et Dieu en est expulsé.
En affirmant trop de choses sur Dieu, les théistes en arrivent à placer leur conception de Dieu sur la trajectoire du rasoir d’Occam. Guillaume d’Occam était un philosophe anglais du XIVe siècle, qui a défini le principe que dans toute explication on devrait utiliser le moins possible d’affirmations. Plus nombreuses sont les affirmations, plus grande est la possibilité qu’elles soient en erreur. C’est le cas avec les déclarations théistes sur Dieu ; de nombreuses affirmations au sujet de Dieu ont été faites pour combler des lacunes dans nos connaissances, mais ces vides ne cessent d’être éradiqués, y compris l’affirmation de l’existence de Dieu lui-même.
Dans l’histoire du christianisme, il y a souvent eu des tentatives philosophiques pour prouver que Dieu existe, l’Église catholique romaine, en particulier, a toujours condamné le fidéisme , c’est-à-dire l’idée que Dieu ne peut être connu que par la foi. Bien que toujours utilisé dans une certaine mesure, les « vieilles preuves » de l’existence de Dieu ont été largement discréditées par les théologiens eux-mêmes et beaucoup diront que l’existence de Dieu est quelque chose qui ne peut être soumis à un argument philosophique logique. Ces « preuves » tombent assez facilement dans trois catégories : le cosmologique , le téléologique et l’ontologique .
En général, les soi-disant preuves plus récentes entrent également dans ces catégories, bien que quelques unes échappent à ces critères. D’une certaine manière, les anciennes preuves ont toujours un sens pour la personne moyenne. Ainsi, pour dire les choses très simplement, beaucoup considèrent que :
• Il doit y avoir eu une cause première à toutes choses (cosmologique )
• Le monde est caractérisé par un tel degré de complexité qu’il doit y avoir eu un concepteur suprême (téléologique )
• Il doit y avoir une sorte d’être qui est plus grand que tout ce que nous pouvons imaginer et c’est Dieu (ontologique )
La plupart des arguments contre l’existence de Dieu concernent l’épistémologie, la théorie de la connaissance, et la difficulté d’établir des critères particuliers qui prouvent hors de tout doute que Dieu existe. Les théistes prétendent souvent, d’autre part, que la connaissance de Dieu est un savoir auto-authentifié et n’a pas besoin d’aller au-delà d’elle-même pour être prouvée. Mais quoiqu’on dise de Dieu, rien ne peut se rattacher à des faits vérifiables. Nous ne pouvons pas démentir ou confirmer les revendications des gens au sujet de l’existence de Dieu, d’autant plus que ces allégations sont complètement contradictoires et incohérentes.
Certains critiques remettent en question la validité linguistique du terme « dieu » dans le débat philosophique. Après tout, « Dieu » comme sujet d’un prédicat ne ressemble à aucun autre terme, il est lui-même un sujet dont l’existence ne peut être prouvée. Par le fait même, toute hypothèse faite au sujet de Dieu devient linguistiquement, et donc philosophiquement, invalide. En fait, on pourrait débattre de ce qu’une preuve de l’existence de Dieu ne puisse jamais être philosophiquement valide. Un autre problème est que, même s’il devait être prouvé qu’il doit y avoir une cause première dans l’univers ou que la création est évidente dans toute la nature, il n’est pas nécessaire de faire le saut métaphysique vers l’existence de Dieu comme cause première ou concepteur.
Dans toutes les affirmations au sujet de l’existence de Dieu, il ne peut y avoir aucune perception directe. On pourrait donc dire que l’existence de Dieu ne peut être postulée que par inférence. Pourtant, la connaissance d’inférence valide l’est seulement en raison de son synchronisme universel. Ainsi, dans les cas où nous percevons de la fumée, nous pouvons en déduire qu’il y a du feu, la connaissance valide est déduite par le synchronisme universel de la fumée et du feu. Nul synchronisme universel n’est évident, toutefois, dans le cas de Dieu et de son existence, aucun de ces termes, Dieu ou « existence », n’est perceptible, alors que dans les cas d’inférence, l’un des deux aspects qui vont de pair doit exister.
Il semble donc que la croyance en Dieu peut être uniquement justifiée par un témoignage, à la fois scriptural et personnel. Les témoignages écrits sont très contradictoires et les témoignages personnels très variés: un témoignage personnel qui suggère l’existence de Dieu est purement psychologique et subjectif et, comme toute expérience psychologique subjective, est très différente pour chaque individu. Comme il n’y a pas d’universalité des expériences, il n’y a vraiment aucune preuve de l’existence d’un seul Dieu personnel qui existe déjà plutôt qu’une pluralité de divinités différentes selon qu’il s’agit de sentiments psychologiques différents. Tout ce que nous avons dans le cas des théistes, sont les témoignages personnels de beaucoup de gens qui croient qu’un certain type de sentiment psychologique provoquent chez eux des raisons de croire qu’il y a un Dieu personnel. Comment peuvent-ils éventuellement interpréter un tel sentiment comme incorporant les attributs et les caractéristiques d’un Dieu personnel demeure un mystère.
La croyance que Dieu existe n’est pas la même chose que la perception que Dieu existe. Les gens ont tendance à réagir « comme si » Dieu existe et si les choses tournent bien, « comme si » devient une réalité supposée et ils attribuent à Dieu toutes sortes de qualités.
Comme nous le verrons dans la prochaine leçon, nous avons tous des expériences spirituelles ou « d’élévation » qui nous semblent extraordinaires. Toutes ces expériences sont différentes : seules les personnes affirmant ressentir une émotion religieuse souhaitent attribuer de telles expériences à un facteur commun, en l’occurrence Dieu et s’en servir pour prétendre que Dieu existe. Quel que soit le degré d’adoption d’un facteur « comme si » et aussi pragmatiques que soient les effets du « comme si » dans la vie elle-même, ces effets ne peuvent pas vraiment suggérer qu’il existe une cause réelle, et que c’est Dieu.
Les arguments cosmologiques en faveur de l’existence de Dieu sont fondés sur la prémisse que tout effet doit avoir une cause, mais pour éviter toute régression à l’infini il doit y avoir une cause première : quelque chose qui a tout déclenché. Exprimé de manière plus sophistiquée, ce qu’on a appelé l’argument d’éventualité c’est-à-dire, tout dans l’existence dépend de quelque chose d’autre pour son existence, mais rien n’a en soi-même de raison d’exister. Donc, le monde lui-même doit reposer sur autre chose pour son existence, un « autre chose » qui doit avoir une existence intrinsèque, sinon elle-même devrait également être causée par autre chose, ad infinitum.
Ce « quelque chose d’autre » est la seule chose qui a en elle-même une raison d’exister, quelque chose qui a une existence nécessaire et ne peut pas ne pas exister, contrairement à tout le reste. Les théistes soutiennent évidemment qu’il s’agit de Dieu.
Il y a plusieurs difficultés avec une telle opinion. Pour commencer, le principe que tout effet doit avoir une cause n’est pas vrai s’il existe une cause première. Il n’y a absolument aucune raison pour que, s’il existe une cause première, cela doit être Dieu. Et s’il y a eu une cause première, comment être certain qu’elle existe toujours ?
Pourquoi, aussi, devrait-il y avoir une cause première et non des causes premières multiples ? Et pourquoi n’y aurait-il pas de causes antécédentes plus récentes, par opposition à une cause externe ? En tout cas, une fois qu’on admet une cause première qui n’est pas elle-même causée par autre chose, alors il n’y a aucune raison qu’il ne puisse pas y en avoir d’autres. En outre, étant donné l’immensité du cosmos et un univers qui s’étend sur de vastes distances irrégulières, l’infini n’est ni improbable ni impossible, ce qui rend l’idée d’une cause première inutile dans un univers infini et contenu en lui-même.
Une fois encore, plus la conception d’une cause première est théiste, plus le concept en devient problématique. Les théistes aiment penser à Dieu comme « cause première », celui qui a créé le principe de cause à effet de l’univers. Mais même si les théories actuelles acceptent l’origine « Big-Bang » de notre univers, il n’y a aucune raison de postuler que Dieu en est l’orchestrateur. En tout cas, si un tel Dieu existe, pourquoi un tel « être » souhaiterait créer un tel monde ? N’était-il pas assez parfait sans lui ? Voulait-il tout simplement être un « créateur » ? Si c’était le cas, qu’est-ce qui l’a motivé à le faire ? Et pourquoi une cause première devrait nécessairement être consciente et intelligente, comme les théistes le suggèrent?
Il n’est pas nécessaire, en fait, pour l’univers d’avoir une raison d’exister, le fait qu’il existe est suffisant. Il n’est pas nécessaire, en fait, pour un surnaturalisme théiste d’expliquer les origines de l’univers, il n’y a peut-être pas de véritables origines à expliquer. Son existence même est la « cause première » et toute causalité subséquente en découle.
Un autre aspect de l’argument cosmologique est l’idée de la « cause première » comme étant un « moteur immobile », c’est-à-dire qui ne change pas, mais qui cause le caractère éphémère et le changement de tout le reste. L’analogie est souvent illustrée par une locomotive qui tire les wagons d’un train (ou une main qui bouge un bâton), chaque voiture dépendant de celle qui la précède pour sa mobilité, alors que la locomotive est le moteur ultime.
Mais ce n’est pas une bonne analogie, car elle démontre bien que la « cause première » ou le « moteur immobile » doit faire partie du processus pour avoir un effet sur lui. Il n’est pas en mesure de les affecter, de façon transcendante, si le moteur est séparé du reste de l’ensemble. S’il est vrai qu’il y a un élément de similitude et de continuité dans une existence qui est soumise au flux et au changement – un gland, par exemple, se développe en un chêne et non en un sycomore – il n’y a pas de raison qui impose l’existence d’une cause première immuable capable d’influencer sur les flux et la continuité. En effet, affirmer cela voudrait dire modifier le moteur, à nouveau, comme le moteur qui tire le train. En tout cas, la physique subatomique commence à nous révéler que toute existence est soumise au mouvement, sans que, par nature, tout soit distinctement régit par des principes de cause à effet.
La progression du gland jusqu’au chêne est une analogie importante d’une autre façon. Les théistes acceptent qu’une « cause première » soit supérieure aux effets qui en découlent. Mais en fait, en autant que l’existence est concernée, il est vrai que les effets sont fréquemment supérieurs à leurs causes, la vie ne pourrait guère évoluer s’il en était autrement. Ainsi, le petit gland devient le grand chêne. En fait, plus la cause est éloignée, plus elle est sans rapport avec le produit final de l’évolution. La causalité est hiérarchisée au profit de multiples effets et non à leurs causes éloignées. D’autre part, une multiplicité de causes antécédentes influence normalement un seul effet spécifique. Il n’est pas logique de supposer une cause unique, extérieure.
Les arguments en faveur de la création sont basés sur la conviction qu’un «Designer» surnaturel , conscient et intelligent existe nécessairement puisque l’univers exhibe une planification si minutieuse, un design global dépassant les possibilités du hasard. Il s’agit donc d’un argument qui postule que le design est ce qui sous-tend l’univers.
L’idée nous vient de la pensée philosophique grecque antique, à partir d’une croyance aristotélicienne dans une force ou un principe abstrait et intelligent qui a influencé toutes choses, mais qui ne les a pas affectées. L’idée a été reprise par Thomas D’Aquin, le moine dominicain catholique-romain du treizième siècle, théologien, dont les idées sur la théologie et les preuves de l’existence de Dieu sont devenues les fondements de la théologie catholique romaine à la fin du XIXe siècle.
Les arguments en faveur d’un être surnaturel , un « Designer » suprême sont téléologiques par leur nature, c’est-à-dire qu’ils accordent un dessein intentionnel à l’univers. Les théistes prétendent que l’univers est tellement bien conçu et semble si soigneusement planifié qu’on doit y voir la touche d’un « Designer » suprême, et que ce « Designer » doit être Dieu. En revanche, l’argument laïque reconnaît qu’il y a un ordre dans l’univers plutôt qu’une conception, mais affirme que cela est purement le résultat d’un processus assez impitoyable de sélection naturelle. Cette sélection naturelle est une manifestation naturaliste, dépourvue de tout élément surnaturel .
La plupart des théistes acceptent aussi le principe de sélection naturelle, mais prétendent que c’est Dieu qui contrôle les mutations génétiques, selon un plan divin. Le principal problème avec cette dernière approche est que le « design » manifeste dans le monde est souvent nuisible à l’existence. Oui, il y a de la beauté dans le monde et l’on s’émerveille de la croissance d’une graine minuscule en un arbre puissant, mais que dire du fait que ce monde harmonieux existe parce que les forts ont survécu au détriment des faibles ? Et que dire des tumeurs malignes ? En effet, il existe un degré remarquable de conception et de beauté dans une cellule cancéreuse !
La question évidente qui se pose est donc, pourquoi un Dieu soi-disant bienveillant serait le concepteur d’une si détestable maladie, belle à voir certes, mais mortelle ? Il est évident que tout « designer » n’a pas à être juste ou bon. Et comment les catastrophes naturelles s’inscrivent dans ce schéma de la création? Selon les arguments téléologiques de l’existence de Dieu, tout existe avec un but précis dans la vie. Mais le nez a-t-il été vraiment conçu pour porter des lunettes, comme le philosophe français Voltaire l’a suggéré ? Et est-ce que les lapins ont été spécifiquement conçus avec des queues blanches afin qu’ils puissent plus facilement se faire tirer dessus ?
« J’ignore comment les lapins réagiraient à cette suggestion », a déclaré le célèbre humaniste Bertrand Russell au sujet de telles inepties. Les humanistes rejettent les arguments téléologiques d’un processus de sélection naturelle. La sélection naturelle implique une adaptation constante par un processus d’évolution. C’est-à-dire un processus de changement continuel et non un concept déterminé une fois pour toutes, avec des variations aléatoires de causes à effets qui ne peuvent manquer de se produire dans un processus d’adaptations et de survies aussi enchevêtrées.
D’un point de vue philosophique, on ne peut guère justifier le saut métaphysique depuis la qualité ordonnée du monde vers un « Designer » puis vers la conviction que ce « Designer » est le tout-puissant, omniscient Dieu des théistes. Et puisqu’une grande partie de la vie est soumise à des lois de cause à effet, il va de soi qu’il y aura beaucoup d’ordre observable en elle sans avoir à postuler quelque intervention surnaturelle . La causalité implique l’ordre dans la vie, mais elle n’a rien à voir avec un « Design ». L’univers est ordonné. S’il n’y avait pas d’ordre, il serait impossible de fonctionner en lui, aucune vie ne pourrait exister. Mais l’ordre n’est pas synonyme de design et il n’est pas nécessaire de postuler l’existence d’un être divin pour créer cet ordre.
Vers la fin du XVIIIe siècle un ecclésiastique du nom de William Paley a comparé le monde qui nous entoure à une montre. De même que la montre qui doit forcément avoir un concepteur et un fabricant, contrairement à une pierre, le monde complexe doit également disposer d’un concepteur-créateur. Et si l’on compare une montre à la complexité d’un être humain, ou au fonctionnement complexe de parties du corps comme l’œil, il semble raisonnable de suggérer qu’il y a eu conception et que ce concepteur est Dieu.
Là encore, toutefois, il n’y a aucune raison pour que le supposé concepteur soit un Dieu des théistes. Et si Dieu est postulé, on devra affirmer que Dieu aurait besoin de concevoir toute chose – les mauvaises pour l’humanité autant que les bonnes, la pierre autant que la montre. Il y a une différence également, entre l’aspect naturel de l’œil, et d’un être humain et un produit fabriqué humainement comme la montre : Paley ne compare pas ce qui est comparable et l’analogie est mauvaise. Dans tous les cas, les montres sont rarement conçues et fabriquées par la même personne (et dans le monde d’aujourd’hui peuvent exiger des intervenants multiples). Faut-il donc qu’il y ait deux causes ou plus ? Le problème majeur ici, cependant, est que les concepteurs coiçoivent et c’est tout ; ils n’entretiennent pas, ni n’adaptent, ni se soucient de leur design, et n’ont pas besoin de leur survivre, donc si ce designer est Dieu, alors il n’a pas, aujourd’hui, besoin d’exister.
Des formes plus modernes de l’argument sur la conception téléologique intègrent les progrès récents du savoir scientifique sur les origines de la vie sur cette planète. Certains physiciens pensent aujourd’hui que les chances que la vie apparaisse exige une telle « mise au point » qu’il est extraordinairement remarquable qu’il y ait de la vie, et qu’il est donc peu probable que la vie existe ailleurs dans l’univers. Ce qui conduit certains théistes à prétendre qu’il doit y avoir un créateur, un être divin, qui a provoqué le miracle de la vie, son évolution et sa progression.
Mais alors, pourquoi avoir gaspillé un si vaste cosmos, alors qu’une seule planète a de la vie ? Ce serait comme bâtir un manoir et meubler un pied carré ! En outre, si l’on pense à la vie elle-même, des choses hautement improbables se produisent chaque jour. Les chances que certaines choses se produisent dans le cours d’une journée – par exemple, qu’un avion atterrisse sur le toit de ma maison, ou sur moi alors que je promène mon chien, sont infinitésimales et pourtant nous savons que cela pourrait se produire.
Beaucoup d’évènements dans la vie sont très peu probables, mais malgré tout ils se produisent. La nouvelle téléologie est encline à faire le saut vers un « ajusteur divin » en raison de la nécessité perçue d’une cause dans un univers qui a en lui une vie intelligente, capable d’observation et d’analyse du reste de son environnement minutieusement orchestré. Une telle hypothèse est renforcée par l’émerveillement de la physique moderne devant les extraordinaires lois de la physique – aux niveaux cosmique et subatomique – qui ont généré et qui dirigent notre univers.
Néanmoins, un ultime « ajusteur », « Designer », ou « cause première » reste toujours une prolongation inutile de la logique. Mais le concept de « l’ajusteur » est intéressant d’une autre façon, car il suggère une certaine harmonie à la vie, une certaine « interdépendance » de la cause à effet du processus de l’univers et du bon ordre lié aux schémas du cosmos. Est-il possible que l’être humain soit parfois capable d’éprouver une fraction de cette « interdépendance » naturelle, une expérience spirituelle « élevée » de ce qui semble être le sacré, ce qui peut sembler surnaturel ?
La nature est un phénomène impersonnel et ne peut pas réagir envers nous. Mais si nous sommes en harmonie avec ses lois impersonnelles, que nous comprenons les processus de cause à effet qui éclairent autant de son fonctionnement, alors nous sommes susceptibles d’en bénéficier. Mais il n’est point besoin d’une « cause » divine pour expliquer un tel ordre impersonnel.
En général donc, les arguments pour un « Designer » suprême ne sont pas sains, et étirer de tels arguments jusqu’à un Dieu unique, personnel, théiste, omnipotent et omniscient est tout aussi malsain. Même si une telle théorie pouvait être prouvée il n’y a aucune raison qu’un concepteur ne soit rien de plus que quelque chose qui démarre la création, mettant en place un système qui fonctionne de manière indépendante, soumis à ses propres lois impersonnelles.
En fait, puisque les effets sont souvent plus complexes que leurs causes originelles, et l’existence semble refléter une adaptation à des fins plus complexes, il serait tout à fait concevable que les aboutissements d’un soi-disant « Designer » soient plus complexes que le « Designer » lui-même. Et si un tel « Designer » continuait à exister, la création ne saurait être complète. Le « Designer » serait en train de créer sur une période de temps démesurée, avec des moyens très cruels, pour n’atteindre aujourd’hui qu’un stade où la vie se nourrit encore d’autres vies, et où les plus forts et les plus utiles survivent aux dépens des faibles et des obsolètes.
La vie humaine, si importante selon les dogmes théistes, serait apparue après un temps interminable et après que de nombreuses espèces eurent évolué et disparu. Que voilà une affaire longue et risquée ! On est loin du « créateur » qui a créé le monde instantanément par Fiat divin dans le récit de la Genèse. Il serait plus approprié de remplacer l’argument de « Designer » par celui d’ « Expérimentateur ».
Toute la question de l’argumentation vers ou depuis un design est une pétition de principe, car elle suppose qu’il existe un design dans l’univers. Il y a bien, comme nous l’avons vu, de l’ordre dans l’univers, mais nul ne prétendra que l’ordre a nécessairement besoin d’avoir un ordonnateur. Les processus de cause à effet peuvent assurer la présence d’ordre par des raisons purement naturelles. Mais un Design ? Assurément, cela exige un agent de la conception.
La prémisse des arguments téléologiques , par conséquent, commence par une faux départ selon une théorie sans preuve – qu’il y a du design dans le monde et s’efforce de sauter de cette prémisse à la conclusion qu’il doit y avoir un concepteur. L’hypothèse, cependant, n’a jamais été prouvée. Ce n’est donc qu’une pétition de principe.
L’argument ontologique , est le plus philosophique des arguments pour l’existence de Dieu. Il a été formulé par le chrétien Anselme (1033-1109) et repris par le philosophe français Descartes (1596-1650). Son hypothèse de base est que Dieu est un être si grand que rien de plus grand ne saurait être conçu ; un être parfait, complet, à qui il ne manque aucun attribut. C’est un être qui existe dans notre esprit.
Mais un être qui existe dans la réalité est supérieur à celui qui existe dans l’esprit et puisque Dieu est un être supérieur à tout ce qu’on peut concevoir, il doit exister dans la réalité, donc il existe. De plus, puisque nous sommes en mesure de concevoir un tel être et comme on ne peut concevoir un être non existant, cela aussi prouve qu’il doit exister : s’il ne manque d’aucun attribut, il a forcément l’attribut de l’existence.
Emmanuel Kant, le philosophe du XVIIIe siècle, a contesté cet argument, affirmant que l’existence n’est pas suffisante comme attribut pour rendre quelque chose concret. Je peux penser à l’existence d’une fortune dans mon compte en banque, mais cela ne veut pas dire que c’est vraiment là ! Je peux combiner les attributs rouge et lion pour concevoir un lion rouge, mais cela ne veut pas dire qu’il existe. En disant que le lion existe, le mot existe n’est pas un attribut, car c’est lion qui nous renseigne sur la nature de la chose qui existe, un lion.
Ainsi, dire que nous pouvons penser à un être parfait et que donc il existe, est un argument fallacieux. De plus, prétendre que Dieu est parfait parce qu’il ne lui manque aucun attribut suggère l’existence non seulement des attributs positifs, mais aussi de quelques choses joliment négatives qu’on peut dire de Dieu ! L’argument ontologique est circulaire, il suppose que la prémisse qu’il essaie de prouver est vraie et nous ne pouvons tout simplement pas prouver qu’un être, plus grand que ce que nous pouvons concevoir, existe réellement.
Les religions orientales comme l’hindouisme et le sikhisme considèrent également le monde comme étant conçu et créé par des moyens divins, par un être divin. Le Bouddhisme est différent parce qu’il n’a pas de concept de Dieu et rejette toute idée d’un créateur ou d’ailleurs, d’une création. Bien que ces trois religions acceptent qu’il y ait de l’ordre et de la conception dans ce monde, aucune ne reconnaît que cela est dû à l’intervention d’une divinité , mais est le résultat de la « loi » du karma que nous avons examinée dans le module d’introduction.
Cela rend tout désordre purement le fruit d’un karma humain négatif et l’ordre, appelé Dharma, « ce qui est juste », le résultat d’un karma positif. L’idée que ce sont les êtres humains eux-mêmes qui créent le monde dans lequel ils vivent, la qualité de ce monde et leurs propres conditions de vie, positives où négatives, n’est pas très éloignée des principes humanistes. Mais le surnaturel et la foi en la réincarnation sont contre le naturalisme humaniste.
Le bouddhisme, en particulier la souche plus ancienne du bouddhisme Theravada, a eu de nombreux et éminents philosophes passés et présents qui ont plaidé contre la croyance hindoue dans le divin. Cela a forcé les philosophes hindous à transposer leurs arguments à de plus hauts niveaux métaphysiques. La métaphysique est la branche de la philosophie qui s’intéresse à ce qui est au-delà de la physique – et donc au-delà des preuves empiriques
Considérant le monde comme fini, changeant, transitoire, éphémère et sous l’influence de flux incessant, l’hindouisme et le sikhisme, sont également à la recherche d’un « quelque chose » fortement intangible, parfois indescriptible, et ultimement inconnaissable qui est infini, permanent, immuable et au-delà des dualités de la vie, mais qui est le « socle » d’où ces dualités émergent, émanent ou sont créées. L’hindouisme appelle cela Brahmane, le sikhisme le nomme Absolu personnel et le bouddhisme, qui rejette un Dieu créateur, parle de «Ceci», « Cela », « Vacuité » ou « Vide », appelé Sunyata. Mais pour revenir à la toute première leçon de ce module, ces idées métaphysiques et le concept de la réincarnation, sont des tentatives de résoudre par le surnaturel le problème de la finitude humaine – l’incapacité d’affronter notre propre impermanence sur cette planète.