Certaines personnes, habituées à des crédos religieux adhérant à une doctrine particulière, sont promptes à croire que l’humanisme contient certains « dogmes » liant ses membres à des croyances particulières. Elles en déduisent que les différends manifestes et déclarations humanistes publiés depuis quelques années sont en fait des articles de foi que tous les humanistes se doivent de suivre. Cette affirmation est fausse. Il n’y a rien qui oblige un humaniste à souscrire à aucun manifeste ou déclaration sous peine d’expulsion. En fait il existe une énorme diversité d’opinions dans la communauté des humanistes envers chacun des manifestes qui ont été publiés. Chacun de ces textes est en fait un essai pour capturer l’essence des principes humanistes les plus largement répandus, une sorte de « cliché » de l’humanisme du temps.
Le manifeste humaniste de 1933, fut écrit pour attirer l’attention du public vers un mouvement qui rejetait explicitement toute forme absolue d’autorité, que ce soit les commandements divins, les prétendues révélations au dépend des droits humains, de la démocratie et de l’interrogation libre. Ce mouvement proposait l’humanisme comme une solution humaine aux problèmes de la vie et de la société.
Les auteurs du premier manifeste humaniste étaient un regroupement très varié d’intellectuels prééminents durant leur époque. Ils étaient pour la plupart des penseurs libéraux en matière de religion qui rejetaient les croyances en dieu. Par contraste avec le mouvement des libres-penseurs, le manifeste humaniste de 1933 se donnait l’étiquette de « religion », malgré le fait que leur seul point commun ait été le besoin de trouver une signification à la vie.
La description de l’humanisme comme étant « religieux » suscita une grande controverse parmi les humanistes, de même que les opinions des auteurs en matière économique. Écrit en plein dans la grande dépression le manifeste affirmait « qu’une société dédiée tout entière à l’acquisition de biens et la recherche du profit a prouvé qu’elle était inadéquate et qu’un changement radical s’impose dans ses méthodes, ses buts et que des contrôles doivent être institués.»
Au début de la seconde guerre mondiale plusieurs nouveaux groupes firent leur apparition en Europe et ailleurs regroupant des personnes qui recherchaient une alternative éthique et démocratique à la religion. Le terme « humaniste » fut largement adopté par beaucoup mais plusieurs humanistes n’adhéraient pas à plusieurs points clé du manifeste humaniste de 1933. De plus en plus de groupements humanistes étaient opposés au concept de l’humanisme comme une nouvelle forme de « religion.» De plus beaucoup étaient mal à l’aise avec la dénonciation du système de libre marché capitaliste et l’appel à « un système économique socialiste et coopératif.»
Ces critiques du premier manifeste résultèrent dans la publication d’autres déclarations, énoncées et manifestes. Comme le texte original la plupart de ces énoncés proviennent des États-Unis. Ceci inclut le manifeste humaniste II (publié en 1973), les affirmations de l’humanisme (1980), une déclaration d’interdépendance; une nouvelle éthique globale (1988) et le manifeste humaniste III (2003).
En 2002 l’organisation mondiale IHEU (International humanist and ethical union) célébra son 50e anniversaire en publiant la déclaration humaniste d’Amsterdam. Ce texte ainsi que les précédents ont eu le mérite de clarifier le consensus autour de la pensée humaniste et de souligner la vision globale d’un humanisme de plus en plus émergent. De plus les manifestes et autres textes que nous venons de mentionner soit rejettent ou ignorent la référence à l’humanisme « religieux », utilisant davantage le terme « vision du monde » par opposition à « religion » et affichent une neutralité entre les humanistes socialistes et capitalistes.
La plupart des déclarations reprennent les mêmes thèmes. Il est difficile de trouver des différences significatives entre par exemple, les affirmations de l’humanisme, la déclaration humaniste d’Amsterdam et le manifeste humaniste III. La seule différence notable étant la longueur du texte et le niveau de détails de chacun.