Développer le potentiel humain sans religion – intermédiaire -4

Leçon 4 : Naissance et mort

Lorsque des méthodes artificielles du contrôle de la vie sont acceptées, que ce soit pour la créer, la prolonger ou l’interrompre- les questions d’éthique sont toujours au premier plan dans notre vie personnelle, nos expériences de vie, ainsi que dans le spectre plus large des préoccupations sociales. Beaucoup peuvent s’offusquer et soulever des questions d’éthiques lorsque la ménopause féminine est retardée ou la menstruation redémarrée chez une femme ménopausée, afin de rendre une grossesse à nouveau possible. Est-il judicieux de concevoir à l’âge de soixante ans et plus? Pour beaucoup de femmes, probablement que oui et elles ont sans doute des raisons valables pour investir de l’anxiété et de l’argent pour concevoir. Après tout, peu de gens parlent d’éthique lorsqu’un homme vieillissant est le géniteur d’un enfant.

Toutefois, à part la question de la conception post-ménopausique, que dire de la femme qui se retrouve enceinte, mais ne veut pas de son enfant? Il est des groupes religieux, en particulier, qui sont opposés à l’ingérence de la science ou de la médecine dans le début ou la fin de vie. L’Église catholique romaine, par exemple, est contre toute forme d’insémination artificielle (IA) comme réponse à l’infertilité médicale, même si le donneur de sperme est le partenaire de mariage de la femme. Il considère le processus d’insémination comme contre nature, étant mécanique et en dehors de la « normale » union sexuelle du mariage. Cependant, il semble que les stimulateurs cardiaques artificiels, non moins une intrusion dans le corps naturel, sont tout à fait acceptables. De même, elle est le plus souvent opposée à l’avortement.

Avortement

Humaniste_ManifestationL’avortement est l’expulsion prématurée ou la suppression d’un fœtus de l’utérus pour empêcher son développement et sa survie. Les humanistes ne sont pas en faveur de l’avortement en soi. Ils préféreraient plutôt un enfant conçu de façon responsable par choix, accueilli dans une famille aimante et dans un milieu accueillant. Mais ce sont là des situations idéales, ce ne sont pas toutes les grossesses qui sont désirées, pas toutes les circonstances qui sont favorables et certains cas sont vraiment dangereux pour un enfant.

Idéalement, une contraception efficace doit empêcher toute grossesse non désirée. Dans les faits, cela ne fonctionne pas toujours. Selon l’Association de réforme de la loi de l’avortement (ALRA) en Grande-Bretagne, par exemple, les trois quarts des femmes qui avortent utilisent aussi la contraception. Cela confirme que de nombreuses méthodes de contraception ne peuvent garantir une protection absolue contre la conception.

Pour les femmes qui trouvent qu’elles ne peuvent pas affronter une grossesse, pour quelque raison que ce soit, l’humanisme estime que le choix de mettre fin à la grossesse leur appartient. Comme les humanistes se consacrent à l’amélioration de la qualité de vie, dans le cas de l’avortement c’est la qualité de vie de la mère autant que celle de l’enfant à naître qui doit être pris en compte. Si la mère, l’enfant, ou les deux sont susceptibles de souffrir dans la vie si la grossesse est menée à terme, alors les humanistes considèrent généralement que l’interruption de la vie du fœtus est la solution moralement acceptable.

Arguments en faveur de l’avortement.

Jusqu’où doit-on laisser une vie potentielle dicter l’avenir de la vie de la femme qui l’a porté dans ses entrailles? C’est seulement la femme qui porte cet être humain à naitre qui peut vraiment répondre à cette question. Dans le monde d’aujourd’hui, les individus sont moins enclins à accepter leur sort dans la vie en se soumettant à ce que la vie leur apporte. Cela a beaucoup à voir avec le refus des normes religieuses pour la façon dont la société doit penser et l’acceptation d’une liberté plus rationnelle des individus en quête d’une qualité de vie. Il y a peut-être des implications éthiques à mettre fin à une vie potentielle, mais il y a aussi des implications éthiques liés à condamner une femme à une vie qu’elle ne veut pas.

Peu de femmes prennent le choix d’avorter à la légère et les cliniques d’avortement ne sont que trop familières avec la timidité, la peur et la détresse de la plupart des femmes qui franchissent leur seuil. Certaines femmes sont heureuses d’avoir de nombreux enfants, certaines n’en veulent pas du tout. Pour chaque femme il y a une limite au-delà de laquelle la qualité de vie disparaît. Il y a aussi un moment où il est juste d’avoir un enfant et un moment où c’est carrément un mauvais choix.

« Les groupes pro-vie», comme ils s’appellent, ou de lutte contre l’avortement , ont souvent comme argument que l’adoption, ou laisser son enfant à la charge de l’état est un meilleur choix que l’avortement . Mais les groupes pro-avortements demandent, « C’est mieux pour qui ? » Certainement pas pour la mère, qui a la charge supplémentaire de porter à terme un enfant qu’elle ne veut pas, un processus d’accouchement qu’elle ne veut pas et puis la culpabilité de la séparation avec l’enfant. Et les orphelinats étaient pleins lorsque l’avortement était illégal : il est clair, que même sans l’avortement , il y aura beaucoup d’enfants non désirés dans le système institutionnel.

Enfin apporter un autre être humain dans le monde est un acte hautement responsable et important. Si on ne peut offrir à l’enfant à naitre une qualité de vie minimale, il semble vain d’amener cet enfant dans un monde où sa qualité de vie ferait défaut. Les droits fondamentaux des femmes ont peu de sens si elles ne peuvent contrôler leur propre fécondité. La femme est un être vivant, un être humain conscient, avec une connaissance des joies et des vicissitudes de la vie. Sa vie, comparé à une vie potentielle et inconsciente est précieuse, plus précieuse que la vie potentielle qu’elle porte. Sans qualité dans sa vie – quelle que soit la façon dont la femme comprend ce mot – son expression de vie s’en trouve diminuée.

L’un des critères les plus importants pour les interruptions sur le tard des grossesses sont la preuve que le fœtus est gravement handicapé, soit mentalement, physiquement, ou les deux. La plupart des femmes qui portent un enfant potentiel dans leur utérus sont profondément anxieuses de s’assurer qu’elles portent un bébé « normal ». Certaines femmes s’occupent admirablement d’un enfant handicapé, d’autres ne seraient jamais en mesure d’y faire face.

Compte tenu de la surpopulation croissante de la planète, l’avortement est considéré comme un moyen de limiter l’expansion de la population. En Chine, par exemple, l’avortement est obligatoire pour ceux qui ont plus d’un enfant (même si cela a mis en évidence l’augmentation de l’infanticide des bébés de sexe féminin) et au Tibet, il faut avoir un certificat afin de devenir enceinte. De sévères pénalités financières en résultent pour ceux qui conçoivent à nouveau. Au Bangladesh, le choix entre la stérilisation et la famine a été la politique de ces dernières années.

En Inde, ce sont souvent les filles potentielles qui sont avortées, en partie en raison de la différence cruciale qu’une bouche supplémentaire à nourrir peut faire dans les familles pauvres, mais aussi parce qu’une femme va se reproduire normalement jusqu’au moment où elle a un fils. Les garçons sont socialement et religieusement importants pour le maintien des parents dans leur vieillesse, pour le statut et pour d’importants rites mortuaires religieux. À cause à sa longue histoire, l’hindouisme a généralement donné aux mâles un statut bien plus important que la femelle. En fait, les femmes ne sont même pas autorisées à lire certains textes sacrés.

En Inde, donc, la déception va accompagner une femme qui donne naissance à des filles. Quand ce n’est pas un garçon et comme l’amniocentèse est devenue disponible, l’avortement est devenu un moyen de restreindre la taille de la famille, à cause à la fois de la nécessité d’avoir un fils et pour la nécessité d’une famille moins nombreuse. Toutefois, pour les humanistes, l’avortement comme un moyen de freiner l’expansion démographique est une erreur : c’est une contraception efficace qui devrait être utilisée et cela se fait seulement avec une meilleure éducation sexuelle et des services de santé concernés par le contrôle des naissances.

Les arguments contre l’avortement

Quelle que soit l’opinion des humanistes sur l’avortement lui-même, la position humaniste est résolument en faveur du droit à l’avortement et il appuie les principaux organismes qui font campagne pour la réforme de la législation gouvernementale actuelle en matière d’avortement . Mais il y a ceux qui s’opposent à l’avortement en toutes circonstances, les groupes « pro-vie » ou les groupes « anti-avortement ».

ProVieUne grande partie de l’antipathie pour les centres d’avortement se justifie par la question de la sensibilité du fœtus, la revendication – contesté par des militants pro-choix – que le fœtus est capable de ressentir de la douleur, à dix semaines. Toute tentative de retirer le fœtus de l’utérus inflige ainsi une mort douloureuse et, puisqu’elle met fin à la vie, revient à assassiner. Ceux qui s’opposent à l’avortement s’opposent également à l’avortement de naissance partielle, une méthode qui doit être utilisée pour les interruptions sur le tard quand le fœtus, qui, dans certains pays, ne peut légalement être tué à l’extérieur de l’utérus, est en partie née et ensuite avorté.

Mais en dehors de la question de la sensibilité du fœtus, ceux qui s’opposent à l’avortement croient que la vie commence dès la conception. Toute tentative d’interférer avec cette vie est considérée comme étant condamnable. Puisque la vie est considérée à partir du moment de la conception, les opposants à l’avortement condamnent également l’utilisation de produits abortifs, la soi-disant « pilule du lendemain », cette pilule post-coïtal est conçue pour empêcher l’implantation réussie d’un ovule fécondé dans l’utérus au cours des premiers jours de développement. Ils soutiennent que ce n’est pas de la contraception, mais bien de l’avortement illégal.

Certains militants contre l’avortement croient aussi que les handicaps physiques ou mentaux ne sont pas des motifs valables pour l’avortement , en soulignant que les interruptions sur le tard pour les handicaps sont parfois pour des raisons mineures tel un bec de lièvre, un pied bot, où même une mauvaise ouïe et la vue. Ils s’opposent à ce qu’ils considèrent comme une promotion d’une mentalité de discrimination meurtrière contre les handicapés. Avec les progrès de la technologie génétique, ils craignent une attitude de « recherche et destruction », d’autant plus que les soins aux enfants et aux adultes gravement handicapés peuvent demander de grandes exigences sur les services de santé et les services sociaux.

Les opposants à l’avortement craignent également l’acceptation de l’infanticide de ceux qui sont gravement handicapés à la naissance, une pratique qui se fait parfois dans les hôpitaux. Mais les cas d’avortement s en raison d’un enfant handicapé sont potentiellement rares comparativement à ceux fondées sur l’atteinte au bien-être physique et mentale de la mère, ou à sa famille actuelle. Pour les femmes en Grande-Bretagne on doit obtenir l’autorisation de deux médecins avant que l’interruption soit autorisée, mais les militants contre l’avortement prétendent que les raisons invoquées sont des raisons sociales et constituent, en fait, un « avortement sur demande ». Ils sont opposés à toute réforme pour le droit à l’avortement qui pourrait permettre aux femmes d’interrompre une grossesse de leur propre chef. L’enfant à naître est toujours considéré comme un être humain séparé de sa mère, avec une personnalité potentiellement unique et distincte, ayant un droit à la vie avant et après sa naissance.

Derrière ces idées il y a une idéologie religieuse, que seul Dieu a le droit de donner et prendre la vie. La position catholique romaine, par exemple, est farouchement anti-avortement (et officiellement anti-contraception), de même que la position musulmane. Selon la loi religieuse islamique, la vie est donnée par Allah dès le départ avec une nuftah, une goutte de liquide dans l’utérus de la mère. Cette goutte de liquide, croient les musulmans, est planifiée, programmée et soignée par Allah et ne devrait jamais être détruite. On estime que « l’âme » entre dans le fœtus à 120 jours. Mais même l’Islam, tout comme la religion anglicane chrétienne, le judaïsme et l’hindouisme, acceptent que l’interruption de grossesse soit indispensable si la vie de la mère est en danger.

Voilà donc quelques-unes des opinions exprimées par ceux qui s’opposent à l’avortement . Il convient de rappeler que les humanistes sont pro-choix : tout en ne favorisant pas l’avortement en soi, ils reconnaissent la nécessité pour chaque femme de choisir sa propre voie face à la grossesse. Quand une femme apprend qu’elle est enceinte, elle ne réagira pas passivement. Même si cette nouvelle est acceptée avec joie ou avec désespoir, sa vie sera radicalement affectée et chambardée dès ce moment. Des conseils, des consultations, des soins et le dialogue sont essentiels à un tel moment, mais seulement la femme elle-même peut prendre la décision finale que sa grossesse soit désirée ou non. Si sa décision est négative, c’est beaucoup demander de lui refuser le droit de résilier ce qui aura une incidence radicale sur sa vie par la suite.

Euthanasie

SeringueL’euthanasie est parfois dénommée « meurtre par compassion », c’est-à-dire qu’elle est l’acte de mettre fin à la vie de celui qui n’a aucun espoir de guérison en raison d’une maladie en phase terminale et extrêmement douloureuse. Il est généralement considéré comme un acte de compassion, même si dans la plupart des pays il est illégal. La connotation de mettre fin à la souffrance se reflète dans l’origine grecque du mot eu-Thanatos, qui signifiait « une mort douce et sans douleur. » L’euthanasie aujourd’hui suggère une sorte d’assistance dans le processus de la mort, afin de mettre fin à la souffrance. C’est quelque chose souvent fait pour les animaux, mais généralement illégal pour les êtres humains.
Nous devons tous mourir, mais aucun d’entre nous ne veut une fin de vie dans la douleur perpétuelle et d’horribles souffrances. Le fait est que certains d’entre nous le subiront. Si ce moment vient et que nous savons qu’il n’y a aucun espoir de guérison et tout ce qui reste est la longue chute vers la mort, alors la décision d’abréger une vie de souffrance semble être la bonne pour beaucoup de gens.

Il y a deux questions en jeu ici : d’abord, si nous avons le droit de décider quand et dans quelles circonstances, nous devons mourir et, d’autre part, si un médecin est autorisé à provoquer cette mort ? Et puisqu’il y a de nombreux cas où le patient peut être frappé d’incapacité, l’intervention médicale dans la question de l’euthanasie est cruciale.

Nous vivons à une époque où la science médicale a beaucoup fait pour réduire la souffrance dans de nombreux domaines, notamment dans le cas où les derniers moments d’une vie sont douloureux et pénible. Mais la science médicale a également créé les instruments nécessaires pour prolonger la vie et même, dans certains cas, lorsqu’un patient ne veut pas que sa vie soit prolongée. Et puis, même si les médicaments palliatifs (médicaments utilisés pour soulager la détresse et la douleur sans fournir de guérison) sont plus efficaces, il y a des patients pour lesquels les effets secondaires sont insupportables, ou pour qui la douleur est toujours extrême.

De savoir que sa vie est finie, de passer chaque jour et nuit dans d’horribles souffrances, de se sentir désespéré de sa propre condition, être incapable de mourir, est l’incarnation même de la souffrance. La dichotomie pour le médecin est aiguë, sauver une vie, ou soulager les souffrances ? C’est un dilemme moral selon la situation des personnes concernées.

Ceux qui sont en faveur de l’euthanasie pensent qu’elle devrait être une option disponible pour ceux dont la vie tire à sa fin. Et tandis que des soins palliatifs (soins résidentiels pour les personnes dont l’état est très sérieux et souvent malades en phase terminale) sont le meilleur choix pour certains, l’euthanasie pourrait bien être la meilleure solution pour d’autres. Pour beaucoup, les deux options pourraient être ressenties comme nécessaire. Mais quel que soit le scénario de la fin de sa vie, de savoir que si elle devient intolérable, il y a le choix de mourir, cela est plus susceptible de stimuler le courage dans la douleur et la souffrance.

Chaque personne a le droit de vivre et de mourir avec dignité et lorsque la vie n’a plus aucune dignité, alors le choix de la mort est, pour certains, une question de compassion. Mais selon l’état des lois dans la plupart des pays occidentaux, mettre fin à sa propre vie est généralement un suicide et avec l’aide de quelqu’un d’autre, un suicide assisté qui peut être considéré comme un assassinat. Dans un passé pas très lointain le suicide a été considéré à la fois un péché et un crime. Les Églises catholiques et protestantes refusaient d’enterrer une personne dans un lieu consacré dans les cas de suicide, ou même de procéder à un service funèbre, alors que dans certains pays, la police serait toujours impliquée, car un crime a été commis. Selon la loi britannique au XIXe siècle, la succession de celui qui était mort par suicide était confisquée.

Le concept de décider quand il est juste de mourir et de mettre fin à sa propre vie a un historique d’antipathie religieuse et juridique. Dans les milieux religieux le même antagonisme à la fois du suicide et de l’euthanasie reste acquis en raison de la conviction que seule la volonté divine peut donner et reprendre la vie. Et pourtant, religieusement, il semble qu’on puisse mourir pour une cause, mais pas pour soi-même. Les jeûnes de Gandhi, qui le rapprochait de la mort aurait été un acte de suicide, mais ont été tout de même admiré par beaucoup comme un moyen non violent de gagner des points politiques. Les bouddhistes aussi, condamnent le suicide, mais se sont immolés pour protester contre des injustices politiques.

Dans la tradition judéo-chrétienne, des suicides, comme ceux de Samson et Saul ont été saluées et les suicides de masse à Massada en Israël peu après la chute du Temple en 70 sont devenue un symbole de la bravoure pour tous les Juifs. L’histoire chrétienne, elle aussi, est truffée de martyrs de la foi. Dans l’islam, aussi, sacrifier sa vie pour le djihad, la « guerre sainte », est acceptable, pour quiconque est familier avec l’état actuel du conflit israélo-arabe. Mais le suicide pour des raisons personnelles est une honte et l’euthanasie est dépeinte comme abominable. On peut mourir pour un dieu, mais pas pour soi-même.

L’euthanasie volontaire

L’euthanasie volontaire n’est tout simplement pas volontaire s’il y a un degré de persuasion ou de pression sur un patient. Les soins pour les gens âgés, les infirmes et les malades en phase terminale devraient être d’un niveau exceptionnellement élevé, de sorte que ceux qui estiment que le fardeau de la vie est insupportable soient une minorité.

Le choix de mettre fin à la vie doit toujours être volontaire: C’est une question de choix qui devrait être légal pour la personne qui, sans aucune pression de qui que ce soit, décide que l’interruption de sa vie est la meilleure option. Comme pour l’avortement , c’est un droit de choisir. Mais après avoir fait le choix de mourir, l’individu doit souvent demander de l’aide pour mourir.

La justification de l’euthanasie volontaire est solide et est appuyée par la plupart des humanistes. Il suppose que toute personne a le droit de mourir quand sa vie n’a plus aucune qualité. Mais comme il n’existe souvent aucune possibilité de communication cohérente pour une personne mourante dans les dernières phases de la vie, le droit de choisir maintenant quand on est en pleine possession de ses moyens, ce que l’on souhaite qu’il arrive dans une telle situation, fait partie de la logique du droit de choisir. L’euthanasie volontaire serait donc une option pour les personnes pour qui la souffrance à la fin de la vie est trop douloureuse et pénible et qui, dans de telles circonstances, sont capables de faire elles-mêmes le choix de mourir.

Elle serait également une option pour ceux qui choisissent de décider à l’avance des conditions dans lesquelles ils pourraient souhaiter cesser de vivre. Ces décisions sont à la fois conjoncturelles et personnelles. Ce sont des décisions qui pourraient répugner à certains et sont importantes pour d’autres. Le facteur essentiel est la qualité de vie de l’individu et le droit de celui-ci de choisir entre la perte de qualité et la prolongation de la vie, autrement dit le droit de regard sur sa propre vie. C’est un principe fondamental humaniste.

Les associations en faveur de leuthanasie volontaire offrent habituellement un document qui est une sorte de directive élaborée, un testament de vie, ou un mandat d’inaptitude. Évidemment, un tel document ne demande pas à un médecin d’enfreindre la loi. Il indique simplement la volonté d’une personne concernant le refus de traitement dans certaines conditions médicales. En d’autres termes, il transmet les vœux de quelqu’un fait en connaissance de cause que, s’il se retrouve dans une condition potentiellement mortelle, que sa vie ne soit pas prolongée par un traitement médical s’il ne peut y avoir aucun espoir de guérison. Un tel formulaire est normalement conservé par le médecin. Dans certains cas, une carte ou d’autres documents similaires peuvent indiquer qu’un testament de vie a été signé.

L’euthanasie passive

Contrairement à l’euthanasie volontaire , l’euthanasie non volontaire se produirait lorsque qu’une personne n’a pas manifesté le désir de mourir, parce qu’il n’en est pas physiquement ou mentalement capable. Si le patient ne donne pas son consentement, des parents peuvent le faire. Ce type d’euthanasie pourrait se présenter dans les cas où un patient est dans le coma, branché sur une machine qui le garde en vie, ou pour un nouveau-né, sérieusement handicapé.

L’euthanasie active , d’une part, impliquerait une action directe entrainant la mort d’une personne, telle une injection létale ou une surdose mortelle de médicaments. C’est l’interruption volontaire de la vie d’un être humain par un autre et nombreux sont les cas où, en dépit du fait que ce soit contraire à la loi, des individus et des médecins ont activement interrompu la vie d’une personne afin de soulager ce qui ne pouvait être qu’une mort pénible et de longue haleine. L’euthanasie passive se produit lorsque le traitement est retenu pour que le patient soit autorisé à mourir naturellement.

La médecine contemporaine a les compétences pour prolonger la vie indéfiniment, même si un patient peut subsister dans un état végétatif pendant plusieurs semaines, des mois voire des années. Permettre à une telle non-personne de mourir naturellement quand il ne sert à rien de poursuivre le traitement est souvent la chose raisonnable à faire. De même, des nouveau-nés sévèrement handicapés sont parfois laissées pour mort. Le problème dans ce dernier cas, c’est qu’en permettant à un enfant de mourir naturellement on peut lui causer des souffrances considérables, à la différence d’un patient comateux, par exemple. Et puis, il y a une énorme différence entre laisser quelqu’un mourir et activement le tuer. Si quelqu’un se noie dans un lac et que je ne lui tends pas la main pour le où la tirer de là, je peux être tout aussi coupable d’euthanasie active où certainement d’intention.

L’euthanasie passive peut également impliquer les cas où le patient est capable de prendre la décision de passer outre à un traitement médical pour prolonger sa vie, lorsque la qualité de cette vie ne peut être qu’au mieux très pauvre et diminuée. Quel droit doit être respecté ici? Celui d’une personne de refuser un traitement supplémentaire? Ou a un médecin le droit d’imposer ce traitement?

Et comment un médecin fait-il la part des choses entre le désir de prolonger la vie versus l’atténuation de la souffrance dans de tels cas ? Ce sont les zones grises qui se produisent avec les questions sur l’euthanasie passive par rapport à l’euthanasie active . Quelque part entre l’euthanasie passive et active est l’euthanasie indirecte qui se produit lorsque la mort est accélérée par un effet secondaire du traitement médical donné.

Oppositions à l’euthanasie

La principale objection avancée contre l’euthanasie même l’euthanasie volontaire , c’est que son acceptation peut conduire vers une pente glissante de l’euthanasie légitime à un abus de celle-ci. La décriminalisation de l’euthanasie volontaire serait une étape vers des situations non volontaires – l’euthanasie des malades mentaux, de certains criminels psychotiques, des très vieux et séniles, mais aussi des nouveau-nés qui ne sont pas sérieusement handicapés, tels ceux avec des becs de lièvres ou une fente palatine (labiale). Les modalités pratiques de l’euthanasie sont difficiles dans les cas où l’euthanasie est non volontaire car il est facile de déduire qu’il pourrait y avoir certains individus, ou même à la limite certaine sociétés, qui pourraient le justifier; le nazisme étant un exemple typique. Et il peut y avoir des personnes qui sont soucieuses de la charge qu’elles font peser sur leur famille et qui demandent l’euthanasie pour des raisons altruistes plutôt que médicales.

Les opposants à l’euthanasie, font remarquer, avec justesse, que la mauvaise santé peut provoquer une dépression, suffisamment pour empêcher un patient de prendre une décision rationnelle. De plus, les décisions médicales ne sont pas infaillibles et un patient peut recevoir un pronostic erroné mais ensuite récupérer suffisamment pour reprendre sa qualité de vie. Il y a certainement aussi des cas de rémissions, en outre, où les patients finissent par guérir.

Mais le principe de l’euthanasie est une question différente. Ceux qui s’y opposent, en principe, le font souvent pour des motifs religieux, croyant que c’est Dieu qui donne la vie et que par conséquent, Dieu seul doit décider quand elle doit être enlevée. Ils croient en la sainteté d’une vie donnée par le divin. D’autres prétendent que la vie et non la mort est notre état naturel et que l’euthanasie va à l’encontre de l’objectif de survie qui est inhérent à toutes les créatures.

La réponse humaniste

La réponse humaniste à ces points de vue est dictée par le désir d’assurer une qualité de vie pour chaque être humain et le droit des individus de choisir leur propre parcours dans la vie. Les humanistes sont d’avis que les croyances religieuses, ne doivent pas influencer le débat et les décisions concernant l’euthanasie. La plupart des procédures médicales de la dentisterie aux transplantations cardiaques ne sont pas « naturelle » et pourrait donc être considérés comme contre l’ordre divin pour l’humanité. Mais mettre fin aux souffrances pitoyables d’un autre être humain est un acte de compassion conforme aux meilleurs des principes humanistes.

Pour un humaniste la plus grande préoccupation demeure la meilleure qualité de vie possible, mais si cette qualité de la vie est entièrement perdue et qu’elle ne peut pas être récupérée, il ne peut que s’ensuivre du désespoir et de la souffrance mentale et physique. Un dieu qui permet une telle souffrance n’est pas un dieu bon. Et tandis que la plupart des religions ne voient pas l’utilité de prolonger la vie artificiellement, ou pourraient accepter l’euthanasie passive, cela peut souvent être une mort très cruelle : l’euthanasie assistée est la plus douce et plus digne fin à une telle vie.

Les humanistes ne croient que dans une seule vie et il est donc important qu’elle se termine avec la même dignité et la même qualité qu’avec laquelle elle a été vécue. En principe, cela est un geste compatissant et les humanistes maintiennent qu’il est immoral de nier une telle compassion aux personnes dans cette situation, par crainte que ces principes soient abusés par une petite minorité. Cela est injuste pour ceux qui souffrent.

Les humanistes sont généralement favorables à, et respectent ceux, qui parviennent avec une profonde conviction que le moment est venu de mettre fin à leur vie. Mettre fin à la vie humainement, abréger la douleur et la souffrance de ses proches, agir par compassion au sein de règles bien définies, signifie éliminer la crainte que beaucoup pourraient avoir sur la façon dont ils vont quitter cette vie. Les principes fondamentaux de l’humanisme sont soucieux du bonheur et de l’épanouissement de chaque individu dans chacune de ces facettes, y compris la mort. Quand tout espoir de bonheur et d’épanouissement sont terminées et si les souvenirs heureux du passé sont effacés par la douleur du présent et de son pronostic continue, alors l’euthanasie peut devenir un acte d’amour. Il se peut qu’un tel acte aille au-delà des limites de la loi et dépasse les limites de la morale sociale « établie »: mais au nom du principe de l’amour de l’humanité, il y a certainement des moments où il est juste de mettre fin à une vie.

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