Durant le 5e et 6e siècle avant notre ère, la Grèce antique fut le témoin d’une éruption de culture qui transformera à jamais la civilisation humaine. Plusieurs des plus grands penseurs, philosophes, historiens, dramaturges et hommes d’états vécurent à Athènes et d’autres cités grecques sur une période de trois à quatre générations. Cette explosion de connaissances humaines allait à jamais transformer le monde dans lequel nous vivons.
La Grèce classique était extraordinaire de bien des façons. Sa culture et son art eurent une influence aussi grande que sa philosophie et son système politique.
Dans toutes ces facettes la culture Grecque est remarquable pour son attention à l’élément humain. Que ce soit dans.louanges du corps humain, dans des pièces de théâtre dépeignant la condition humaine, la création des premières démocraties ou une philosophie reconnaissant que « l’homme est la mesure de toutes choses ». La culture Grecque célèbrera l’humanité.
Tout comme les philosophes chinois de la même période, les philosophes grecs du 6e siècle avant notre ère ne niaient pas l’existence des dieux, mais prétendaient qu’il était impossible de les connaitre et en conséquence il ne fallait point s’en préoccuper. En accord avec ce principe leur recherche de la connaissance et de leur moralité faisait référence à l’humain et non au divin.
Cette préoccupation se reflète dans les écrits de Protagoras (481-411 avant notre ère ). Dans son ouvrage « Le traité des dieux » Protagoras écrivait « À propos des dieux, je n’ai aucun moyen de savoir s’ils existent ou non ou à quoi ils ressemblent. Plusieurs choses m’empêchent de savoir, entre autres le fait qu’on ne les voit jamais et aussi la brièveté de la vie humaine » Protagoras est également l’auteur de cette phrase associée depuis à la pensée humaniste, « L’homme est la mesure de toute chose: de celles qui sont, du fait qu’elles sont ; de celles qui ne sont pas, du fait qu’elles ne sont pas ».
On croit que Protagoras a également développé le dialogue interrogatif comme moyen de chercher la vérité. Mais cette méthode est surtout associée à Socrate (469-399). La méthode Socratique peut être considérée profondément humaniste de la façon dont elle fait la promotion d’un dialogue ouvert sans contrainte pour chacune des parties. Les grands prophètes religieux à travers l’histoire avaient la prétention de révéler « la vérité divine » et des commandements absolus. Socrate, au contraire, est célèbre pour avoir affirmé qu’il ne savait rien et ne proposait pas de réponses mais une méthode de questionnement.
D’autres écoles philosophiques naturalistes, tel Aristote (les atomistes) et les stoïciens développèrent leurs idées sur la nature et l’humanité et leur influence est toujours ressentie dans la pensée humaniste moderne. Le penseur qui est sans doute le plus près des idées et des dispositions de l’humanisme moderne est Épicure (341 – 271 avant notre ère)
Adoptant la pensée matérialiste des Atomistes, Épicure raisonnait que tout dans l’univers était ultimement composé d’atomes et que toutes connaissances venait de nos sens. Épicure enseignait également que deux choses empêchent les humains d’être heureux; la peur des dieux et la peur de l’au-delà. Mais la philosophie matérialiste des Atomistes libérait de la peur du surnaturel et de la mort. La mort signifie l’anéantissement pour l’individu, parce que le cerveau (ou l’âme) est composé d’atomes qui se dispersent à la mort. La doctrine d‘Épicure peut être résumée par ce que les épicuriens ont appelé le tetrapharmakos (quadruple-remède), qui fut formulé ainsi :
Épicure a décrit la philosophie comme étant « l’art d’être heureux ». Il prétendait que la nature et la raison nous enseignent que le plaisir est le seul bien et la douleur le seul mal. Mais contrairement à la légende, les épicuriens ne prêchaient pas la complaisance dans les plaisirs sensuels. Une approche hédoniste peut apporter une satisfaction temporaire, mais on devrait l’éviter si cela mène à de la souffrance à long terme.
Les épicuriens donc, plaidaient la modération et l’équilibre dans chaque aspect de la vie. Dans un des rares écrits d’Épicure qui a survécu dans sa « lettre à Menoeceus » il écrivit,
Pendant les 700 ans de l’âge d’or de la Grèce et de Rome, la philosophie humaniste d’Épicure fut un modèle respecté et populaire pour une vie saine. Mais avec l’avènement de la nouvelle religion chrétienne et le déclin de Rome, l’influence des penseurs non-chrétiens disparut ou fut détruit graduellement en occident. L’Europe entra dans la période dite de la grande noirceur. Lorsque la connaissance de ces penseurs refit surface durant la période médiévale, celle-ci fut sévèrement réprimée par l’épiscopat chrétien. Ironiquement, c’est dans les bibliothèques du monde musulman que les travaux de ces grands philosophes classiques survécurent. Ce ne fut qu’au 15e siècle que les écrits de ces philosophes furent réintroduits en Europe durant la période dite de « la Renaissance ».